.65 La Station
(2024-09-13, François Houste)Baldwin avait attendu que tous les voyants passent vert, et que l'ordinateur de bord l'informe du déverrouillage de la porte, avant de se glisser dans l'étroit boyau qui séparait la capsule de transport de la station spatiale grand luxe qui gravitait autour de la Terre. Le gabarit de l'ancien membre des Forces Spéciales était bien trop imposant pour les équipements traditionnels des astronautes, et Baldwin se heurtait sans cesse à un boîtier ou accorchait un câble. L'apesenteur n'aidait d'ailleurs en rien à ses déplacements, devenus lents se tout sauf naturels. L'agent qui avait toujours préféré la terre ferme, les grands espaces, et ne pensait depuis le décollage qu'au désert irakien dans lequel il avait fait ses premières armes.
Il arriva tant bien que mal dans l'espace principal de la station, s'extirpant du boyau avec peine. À peine le seuil franchi, il se trouvat face à son principal interlocuteur, flottant comme lui en apesanteur.
— Vous savez que rien ne m'oblige à répondre à la moindre de vos questions, ni même à vous parler, n'est-ce pas Mr. Baldwin ? interrogea celui-ci sans même un salut. Je suis ici chez moi. L'espace est une zone protégée, internationationale, dans laquelle les juridictions terrestres n'ont pas cours. Vous n'avez ici aucun pouvoir sur moi.
Baldwin foudroya son hôte du regard. Il avait connu des gars bien plus coriaces que lui, il en était certain. Mais sans doute moins retors. Et l'homme avait raison sur un point. Il était bien ici à l'abris de toutes les lois terrestres. Et si cela voulait dire que Baldwin pouvait s'affranchir de ses limites habituelles, cela voulait également dire que l'autre pouvait avoir préparé tous les coups tordus possibles.
De toute façon l'apesanteur rendait Baldwin mal à l'aise. Il ne risquerait rien. Il se contenta de répondre, de la voix la plus neutre possible.
— Bonjour Mr. Musk. Enchanté. J'imagine que vous savez déjà tout de moi, ainsi que les raisons précises de ma venue dans cette... endroit. Je sais aussi bien que vous quelles sont les implications légales de ce lieu. Libre à vous de conserver le silence. Baldwin marqua une pause et tenta d'observer les réactions de son interlocuteur à travers la vitre de son casque. Mais je sais également que vous n'auriez pas accepté cet entretien si vous n'aviez rien à me dire. Jouons cartes sur table voulez-vous Mr. Musk ? Pourquoi m'avez-vous fait monter jusqu'ici et quelles sont les informations que vous êtes prêt à me livrer ?
Elon Musk cacha du mieux qu'il le pouvait sa contrariété. Mais son isolement, depuis des années, dans cette station isolée dans l'espace avait considérablement réduit ses capacité de bluff. Il était habitué à dominer ses interlocuteurs et le comortement de Baldwin l'agaçait. Sa voix exprima toute sa rancoeur.
— Bien Mr. Baldwin. Je ne vous propose pas de vous installer confortablement. Vous arrivez malheureusement pile au moment de la maintenance de notre système de pesanteur artificielle. J'espère que l'inconfort ne sera pas trop grand.
Balwin se raccrochait tant bien que mal aux poignées qu'il trouvait dans la salle, alors que Musk changeait de position sans dériver un seul instant dans la pièce. Il reprit.
— J'ai cru comprendre que vous êtiez venu avec des questions précises, déjà toutes prêtes. Je vous demande donc de ne pas perdre de temps, j'ai des choses autrement plus importantes à faire que notre petit entretien. Des choses dont dépend l'avenir de l'espèce humaine.
Conches-sur-Gondoire / 13 septembre 2024