.69 LILLY W4S HERE - part 2
(2024-12-03, François Houste)Quelques jours plus tard, tout était revenu à la normale. Le Jardin était toujours aussi désert, mais pour Ignacio de nouveau frais, beau et apaisant. Il avait eu quelques craintes en se connectant le lendemain de ce qu'il appelait dans sa tête le jour du tag. À peine arrivé, il avait parcouru au pas de course l'ensemble des allées, des bosquets, des clairières et l'intégralité du jardin anglais pour s'assurer qu'aucun dessin, aucune dégradation n'avait été commise entre les pixels de verdure. C'était son travail, bien entendu. Mais c'était également son bien-être quotidien qui était en jeu. Aujourd'hui, Ignacio avait retrouvé son calme, et après avoir passé quelques instants dans la clairière aux statues, il avait repris sereinement son itinéraire habituel.
D'abord, les grands bassins dont la perspective débouchait sur la fausse façade d'un gigantesque palais d'inspiration allemande. Façade qui marquait l'une des limites du Jardin. Derrière elle, il n'y avait rien. Le château n'existait pas. En tout cas pas dans ce monde virtuel. Il n'était qu'un décor, un effet de perspective dont les pierres contribuaient à la magnificence du lieu.
Les bassins, du temps où le Jardin était encore populaire, méritaient une vigilance accrue. Beaucoup des utilisateurs connectés étaient tentés de s'y baigner. Virtuellement. Peut-être pour tester les limites de la simulation. Peut-être pour savoir si leurs pieds – les vrais – n'en reviendraient pas mouillés. Peut-être pour transgresser un interdit qu'ils n'auraient pas osé franchir dans le monde réel. Au-delà de la blague potache, l'expérience était en général assez peu concluante. Votre avatar se déplaçait moins vite dans les bassins, parce qu'il avait les pieds dans l'eau. Voilà. C'était tout. Ignacio avait dû intervenir plus d'une fois contre ces visiteurs indélicats, les accusant parfois d'enfreindre les conditions générales d'utilisation du Jardin. Conditions que personne n'avait jamais lues en entier de toutes façons. Il les dirigeait, assez sèchement, vers le grand lac du parc paysager, là où la baignade était, selon lui, autorisée. Un lieu malheureusement situé assez loin du lieu de connexion principal et qui n'attirait pas les avatars les moins patients.
Après les grands bassins, Ignacio continuait ses tournées dans le reste des grands jardins à la française, très ordonnés et qu'il admirait tellement. Quelques marches pour accéder aux terrasses les plus hautes. De larges perspectives et des massifs taillés bien droits. Encore, ici ou là, quelques bassins et de nombreuses statues bien alignées le long des allées. Ignacio se rêvait à Versales, un nom qu'il avait entendu prononcer souvent par les visiteurs et sur lequel il avait recherché des informations en ligne, rapidement. Ce qu'il en avait retenu, c'est qu'il pouvait se considérer, désormais, comme le Roi-Soleil d'un vaste domaine virtuel, et qu’il ne lui manquait qu'une cour.
Solitaire, Ignacio marchait doucement sur la terrasse la plus haute et contemplait son royaume.
Vers la fin de la matinée, il poursuivait son itinéraire au milieu des ondulations et des pelouses du parc paysager. Ici, les sentiers bien tracés se faisaient plus rares et Ignacio marchait au milieu des larges étendues de gazon, sentant – enfin, s'imaginant sentir – les brins d'herbe encore lourds de rosée frotter contre ses chaussons. Dans le jardin anglais, la rosée ne séchait jamais.
S’il ne trainait par trop en chemin, il arrivait vers midi au bord de l'étroit ruisseau qui marquait l'une des autres limites du domaine. Au-delà du cours d'eau, le paysage continuait à s'étendre en large prairies puis en collines et en profondes forêts, mais n'était plus parcourable par les visiteurs. Un mur virtuel se dressait devant eux. Arrivé ici, Ignacio s'arrêtait et contemplait l'absence d'horizon réel comme il aurait contemplé une fresque dans une église. Il aurait aimé que son monde s'étende à l'infini, savoir ce que cachait les plus lointaines des collines. Mais, bien que limité, cet horizon factice était déjà plus large que celui qui était visible depuis les fenêtres de son appartement.
Là, sur un rocher humide au bord du ruisseau, assis dans le moelleux de son canapé face à sa table basse, il ôtait tout d'abord ses gants afin que ceux-ci ne reconnaissent pas de gestes parasites et ne soient pas tachés par maladresse et par la nourriture. Mais il prenait bien soin de conserver sur le casque l'affichage du jardin. Le temps d'un pique-nique, il dégustait parfois un hamburger de fausse-viande reconstituée, parfois des nachos accompagnés de leur sauce pimentée, parfois un ou deux tacos de synthèse, suivant ce que le drone de livraison avait déposé à la fenêtre de son appartement quelques minutes plus tôt. Il vidait une bière ou une canette de soda, selon son humeur, en écoutant le gargouillement de l’eau et les cris des oiseaux évoluant dans les bosquets voisins mêlés à ceux des enfants attendant d’être reconnectés à leur école dans les appartements voisins. Parfois, il étendait ses pieds sur la table basse et le rocher d'en face et, allongé au soleil sous le plafond de son appartement, se permettait un petit somme avant de retourner veiller à la bonne tenue du Jardin. Quelques dizaines de minutes, une demi-heure tout au plus, pendant lesquelles Clark avait instruction de l'appeler immédiatement si quoi que ce soit d'anormal arrivait. Voilà bien des mois qu'il n'avait pas été réveillé inopinément.
Reposé, un sourire serein qu’il imaginait s’imposer jusque sur la figure de son avatar, Ignacio reprenait ses déambulations dans le vaste parc et s'en retournait vers le château pour un second tour de garde au milieu des fontaines et des statues.
Traversant l'une des grandes pelouses, toujours impeccablement tondue, il aperçut ce jour-là, légèrement sur sa gauche une très grande fleur d'un jaune éclatant dépassant de quelques dizaines de pixels de l'herbe environnante. Un artefact qui, de toute évidence, n'avait pas sa place dans cette écosystème virtuel. La fleur était large. Imposante. Elle évoquait beaucoup plus certainement, pour Ignacio en tout cas, les plantes que l'on trouvait encore parfois dans les serres exotiques des derniers conservatoires du vivant que les fleurettes qui auraient dû peupler les écosystèmes virtuels de la campagne européenne. Ignacio n'avait, de toutes façons, jamais croisé de fleur informatique de ce type, il pouvait le jurer, et cela faisait pourtant quelques années qu'il déambulait dans les prairies du Jardin.
L'appel aux outils d'identification intelligents contenus dans son casque confirma d'ailleurs cette première impression : ESPECE INCONNUE, affichaient-ils en majuscule et clignotant. Et pourtant, se disait Ignacio, cette fleur était là devant lui, et si cette fleur était apparue ici, c'est que quelqu'un l'y avait amenée. Un, ou une pirate certainement. La pollinisation, dans cet espace virtuel, cela n'existait pas !
Ignacio approcha sa main virtuelle de la fleur, afin de la cueillir et de l'observer de plus près. Et quand ses doigts en cassèrent la tige... un gigantesque nuage de pixels l’aveugla, l’entoura et recouvrit l'horizon. Il lui sembla, dans la vision brouillée de son casque, apercevoir une silhouette féminine dansant autour de lui et entendre, répétée en boucle comme en écho, les mots Lilly was here !
Le nuage de poussière s'estompa… et Ignacio constata que la fleur avait disparu, tout comme la tige sur laquelle elle poussait quelques instants auparavant. Autour de lui, tout semblait redevenu à nouveau normal. Il fit le geste qui le mettait en contact avec Clark et entendit après quelques sonneries le son de sa voix.
— Salut mec, tout va bien ?
— Elle est revenue ! répondit sèchement Ignacio sans prendre la peine de retourner le salut.
— Revenue ? Qui ça ?
— Lilly !
— La meuf du tag tu veux dire ? Y'a un aut' joli dessin devant toi ? Je vois rien d'anormal dans les données en tout cas.
— Normal, ça a disparu !
— Qu'est-ce qui a disparu ? interrogea Clark.
— Le tag. Enfin... c'était pas vraiment un tag. La fleur.
— La fleur ?
— La fleur ouais. Le truc qu'elle a laissé pour me piéger ! s'énerva Ignacio.
Clark demanda à Ignacio de se calmer et de reprendre son histoire depuis le début. Quel tag ? Quelle fleur ? Quel nuage de pixels ? Quels mots répétés ? Il consultait en même temps les données de ses serveurs et n'y voyait rien d'anormal. Derrière les chiffres et les lettres affichés sur son écran, le Jardin lui semblait aussi vide que les autres jours.
— OK. Mais là, tu vois quoi devant toi ? demanda encore Clark.
— Là ? Là, tout est redevenu normal... Tu peux pas remonter l'historique dans tes journaux-là ? Revoir ce que j'ai vu ?
— J'aimerai bien mec, mais je peux pas. La Compagnie a tellement désinvesti, sucré du matériel, que j'ai quasiment plus d'accès à... Clark marqua une pause dans sa phrase, seulement ponctué d'un Attends ! surpris. Il vérifia à deux reprises ses écrans. Quelqu'un d'autre s'est connecté !
— Comment ça ? interrogea Ignacio.
— Comme Quelqu'un d'autre s'est connecté. T’es sourd ? Quelqu'un s’est connecté près du bassin aux carpes.
— Merde. OK, OK, j'y vais !
Le bassin aux carpes était l'un des grands bassins rectangulaires dans lequel des poissons pullulaient. Impossible de dire s'il s'agissait réellement de carpes ou d'une autre espèce. Leur design avait dû être confié à une stagiaire et personne n'était jamais revenu sur leur apparence. Situé à quelques dizaines de mètres de la façade du château, Ignacio pourrait y arriver assez vite en courant et sans être essoufflé. Le virtuel avait du bon. S'il avait dû parcourir la même distance dans le monde réel, ni sa corpulence ni la qualité de l'air qui l'entourait ne lui auraient permis d'arriver à destination sans faire un sérieux malaise.
À quelques mètres du bassin, il aperçut effectivement un avatar masculin tout ce qu'il y avait de standard qui semblait l'attendre. Et qui, quand il arriva à sa hauteur, l'accueillit d'une simple question.
— Ignacio je suppose ?
Surpris de cette rencontre après tant de mois de solitude dans le jardin, Ignacio ne savait quoi répondre.
— Ignacio Velasquez, je présume ? répéta le visiteur.
— Ou.. oui, bafouilla-t-il dans le micro intégré à son casque de réalité virtuelle.
Il cherchait à savoir, non pas où il avait déjà vu ce visage – dans le Jardin, tous les avatars par défaut étaient rigoureusement identiques – mais s’il avait déjà entendu cette voix. Une voix qui pouvait très bien être déformée par un algorithme de confidentialité, ou par la mauvaise qualité du matériel utilisé pour la connexion de son interlocuteur. La voix semblait limpide, mais aucun souvenir ne remontait à la surface. Le visiteur continua, traduit automatiquement par l’intelligence artificielle du Jardin.
— Très bien. Inutile que je me présente, mon nom ne vous dira rien. Sachez simplement que je représente les intérêts de la Compagnie qui opère encore ce – il sembla un instant chercher ses mots – lieu. On m’a chargé de vous annoncer qu’il y allait avoir du changement et que nous allions… enfin que la Compagnie allait avoir besoin de vous dans les jours qui viennent.
— Ah… ah bon ?
Sur les tempes d’Ignacio, la sueur perlait déjà, même si son avatar restait stoïque. Un homme plus habitué à l’univers virtuel que l’employé de la Compagnie aurait remarqué les micromouvements de la silhouette virtuelle du gardien, trahissant sa nervosité. Ignacio, lui, s’imaginait déjà mille scénarios, allant d’une refonte totale de l’architecture du Jardin à un retour à la mode de son environnement, ou à l’imminence de nouveaux défilés de mode ou de meetings politiques.
— Nous allons vendre le Jardin, annonça froidement le visiteur, coupant court aux pensées d’Ignacio. Une autre grande entreprise est intéressée par l’acquisition de cet… espace, afin d’en faire… Eh bien, honnêtement, je ne sais pas trop pour en faire quoi. Il marqua une pause. Vous le savez Ignacio, pour la Compagnie, ce Jardin représente aujourd’hui avant tout une charge. Bien que nous soyons tous, comme vous j’imagine, très fiers de cet endroit, de son histoire – l’avatar sembla regarder autour de lui – et de sa beauté. Nous avons dû réduire drastiquement les coûts techniques et humains liés à l’entretien de cette plateforme ces dernières années, vous le savez. La Compagnie ne souhaite plus investir dans ce projet et trouve opportun de s’en séparer au profit d’une autre entreprise.
Il marqua une nouvelle pause afin de s’assurer qu’Ignacio avait bien compris la première partie de son discours et n’avait aucune question. Comme l’avatar du gardien ne montrait aucune réaction, il continua.
— Bien entendu, avant de faire une offre, les éventuels acquéreurs de cet endroit souhaitent en faire un… disons… un état des lieux. Une visite complète, mais pas trop longue, afin de se rendre compte de son état général et des possibilités d’adaptation qu’il offre pour leurs projets… quels qu’ils soient. Nous avons pensé à plusieurs endroits qui mériteraient leur attention et feraient sans doute grimper le prix de leur offre mais… voilà.
Il semblait, autant qu’un avatar par défaut puisse l’être, hésitant à continuer son discours. Son regard semblait se perdre au loin, au-delà sans doute du ruisseau et de la limite virtuelle du Jardin. Il reprit.
— Seulement, voilà. Les effectifs du siège ont été renouvelés à maintes reprises ces dernières années. Vous savez ce qu’est la vie d’une grande entreprise comme la nôtre, je pense. Ignacio ne répondit pas, et marqua à peine un hochement de tête timide. Bref, plus personne au sein de la Compagnie n’a une réelle connaissance de l’architecture ou des caractéristiques précises de ce lieu. Il ne reste que vous et… un dénommé Clark, qui ayez réellement assisté, peut-être pas à la naissance mais à une période d’activité réelle de cet endroit. Depuis combien de temps êtes-vous parmi nous Ignacio ? Au sein de la Compagnie ?
— Cela fait dix-sept ans, avoua-t-il.
— Dix-sept ans, répéta l’avatar, pensif. C’est impressionnant. Vous avez connu cet endroit quand il était fréquenté par de nombreux visiteurs si je ne me trompe. Quand il était à la mode… Vous devez en avoir des anecdotes à partager. Vous avez dû assister à des choses assez incroyables ! Ignacio avait cru, à ce moment, sentir la main de son interlocuteur qui se posait sur l’épaule virtuelle de son avatar. Non, ne prenez pas la peine de répondre. Ignacio n’avait même pas eu le temps d’ouvrir la bouche. Je regrette tellement de ne pas avoir le temps d’écouter ces histoires, cela doit être passionnant. Mais, voilà, le temps presse. J’en viens directement, si vous le voulez bien, au point qui m’intéresse. Cet… état des lieux dont je vous parlais, il a lieu dans trois jours et nous aimerions énormément, au sein de la Compagnie, que vous vous occupiez de guider nos visiteurs dans les différents secteurs du Jardin. Leur montrer ses beautés cachées, les plus belles de nos créations. Leur raconter, à eux, quelques anecdotes également, si vous le souhaitez bien entendu. Nous, je veux dire les équipes de la Compagnie, serons présents nous aussi, bien entendu. Mais vous, vous mettrez de la vie dans cette visite. Bien mieux que nous. Du vécu. Je suis certain que vous ferez ça extrêmement bien… C’est convenu donc ? Rendez-vous dans trois jours. Le… dix-sept, c’est ça. Vers onze heures. Donc quinze heures sur votre créneau horaire, pour cette visite. Ok ? Disons que nous passerons une petite heure en votre compagnie. Cela vous convient ? Je vous propose que nous nous donnions rendez-vous au point de connexion par défaut de la plateforme si cela ne vous gêne pas. Quine heures, heure de chez vous, devant la fontaine. Conservez votre avatar habituel, pas de dress-code particulier. Nos acheteurs veulent de l’authentique Ignacio. N’oubliez pas ! De l’authentique !
Et sur cette dernière exclamation, le visiteur se déconnecta et son avatar disparut. Ignacio resta, lui, les bras ballants face à la clairière des statues devant laquelle ils avaient fini leur parcours. Les questions se succédaient à nouveau dans sa tête. Le jardin allait donc être vendu. À qui ? Quand ? Pourquoi ? Qu’allait-il devenir ? Resterait-il en poste ? Autant de questions qu’il n’avait eu ni le temps, ni la présence d’esprit de poser. Ignacio ne savait pas comment prendre la nouvelle. Ses conséquences lui semblaient gigantesques !
Cela pouvait vouloir dire la fin du Jardin tel qu’il le connaissait, remplacé par un autre type de monde virtuel. Une jungle ? Une ville ? Une forge ? Cela pouvait vouloir dire sa continuité également, repris par une entreprise qui souhaiterait voir perdurer sa beauté et comprendrait sa véritable valeur. Ignacio avait besoin de marcher, de parler à quelqu’un, de réfléchir.
Il se dirigea vers le parc à l’anglaise tout en articulant à nouveau le prénom de Clark.
— T’as tout écouté j’imagine, demanda-t-il au chargé de support, à peine celui-ci avait décroché.
— Tout entendu et tout enregistré, mec ! T’imagines bien ! Ça faisait tellement longtemps qu’on avait croisé personne là-dedans.
— Et t’en penses quoi ?
— Honnêtement ?
— Mmmh, mhh, acquiesça Ignacio.
— Honnêtement ? Je pense que c’est plutôt, genre une bonne nouvelle. Si tu veux mon avis, ça pouvait pas durer comme ça éternellement. Ok, ils nous avaient un peu oubliés, là-haut, à la Compagnie. Mais un jour ou l’autre, ils auraient tout coupé. Si une autre boîte s’intéresse à ce truc, c’est qu’elle doit être prête à le faire vivre encore quelques années.
— Mouais… — Bon OK. OK. Peut-être pas exactement pareil. Pas à l’identique. Des nouveaux tauliers, ça veut forcément dire qu’on change des trucs. Forcément. Et ce machin est tellement désert qu’ils décevront personne en faisant. Ils provoqueront pas la fuite des utilisateurs, y’en a déjà plus, des utilisateurs ! Clark eut un rire nerveux, auquel répondit un soupir appuyé d’Ignacio. Nan, ok. Mais ce que je veux dire c’est que nous on sera encore peinards quelques années. Tu vois ?
— C’est vraiment c’que tu crois, demanda pour se rassurer encore un peu Ignacio, ou tu dis tout ça pour que je m’inquiète pas ?
— J’y crois mon pote ! J’y crois ! Juré !
— Ok. Ok Clark. J’te suis. Je pensais un peu pareil.
— Et puis, on n’a rien à perdre de toutes façons, mec !
Ignacio marchait maintenant au milieu des pelouses du jardin anglais et réfléchissais à voix haute.
— Bon, ce qu’il faut alors, c’est que la visite, son état-des-lieux là, se passe vraiment bien. Moi, je verrai bien ça : débuter par la fontaine, là où ils se connecteront, puis par quelques pas sur la grande terrasse, au pied de la façade du château. De là, ils auront une vue panoramique sur l’intégralité du Jardin. Ils se rendront compte combien tout ça est vaste, beau, apaisant… Les yeux levés au ciel, Ignacio ne vit pas qu’il marchait sur une fleur similaire à celle qu’il avait arrachée quelques minutes plus tôt… ensuite, on redescend vers la clairière…
Ces derniers mots se perdirent dans un nuage de pixels et des rires enregistrés de Lilly.
— On a quand même un sérieux problème, mec ! fut le seul commentaire de Clark.
Conches-sur-Gondoire / 3 décembre 2024